Père tranquille de la chanson française, Louis Chédid n'en est pas moins l'auteur de certains des textes les plus incisifs du répertoire hexagonal. Après avoir connu tardivement le succès (au bout de sept albums !), Louis Chédid s'est implanté solidement dans le paysage musical, chacun de ses albums confirmant son talent de musicien et surtout de parolier. Poète discret, Louis Chédid nous décrit, non sans humour, les maux de son époque et les malaises de ses contemporains (qui sont aussi les siens).
C'est en Egypte, à Ismaïlia au bord du Canal de Suez, que naît Louis Chédid le 1er janvier 1948. Dès la fin des années 40, la famille Chédid s'installe à Paris. Louis est élevé entre une mère écrivain de culture franco-libanaise, Andrée, et un père médecin et scientifique, Louis.
Ecolier dans une école religieuse, Louis intègre aussi le chœur des Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Dès son adolescence, il se lance dans l'écriture de chansons dont sa mère signe parfois les textes. En 1968, il décroche son baccalauréat et part en Belgique étudier le cinéma. Ces études le mènent vers des boulots de monteur, mais surtout, il réalise quelques courts-métrages.
Cependant, sa vie prend une tournure musicale lorsqu'en 1973, paraît un tout premier album au nom modeste de "Balbutiements". Il faudra quelques années pour que Louis Chédid rencontre le succès. Mais nullement découragé, il sort un second 33 tours en 1975. On y trouve la version initiale du titre "Hold up" qui fera l'objet d'un réenregistrement et d'un clip très remarqué presque dix ans plus tard. Parallèlement, Chédid compose de nombreuses musiques pour spots publicitaires.
En 1976, un troisième 33 tours fait une sortie timide. Mais en 1978, le 45 tours "T'as beau pas être beau" fait enfin émerger Louis Chédid de l'insuccès. Ce titre, dont les chœurs sont assurés par ses enfants Mathieu et Emilie, est encore aujourd'hui un de ses plus connus.
L'essai est transformé en 1981 avec la sortie de l'album "Ainsi soit-il" qui se place numéro 1 des ventes, en particulier grâce au titre "Ainsi soit-il", magnifique morceau en hommage à ses premières amours cinématographiques. Cette fois, Chédid est reçu à bras ouverts par le public lors de son Olympia de 1982, suivi d'une longue tournée française.
Si Louis Chédid doit son succès tardif à des titres drôles et tendres, toujours magnifiquement écrits et composés, le public ne manque pas de remarquer certains de ses textes plus cinglants. Chédid aborde dans presque tous ses albums des thèmes graves et sensibles comme les troubles en Haïti dans "Coupe coupe tonton macoute". Dans les années suivantes, la télévision ("Zap Zap"), le pouvoir et l'argent ("Pouvoirs, pouvoirs"), mais aussi le sida ("N'oublie pas la capote") et l'extrême droite ("Le gros blond") feront partie de ses cibles.
L'album suivant, "Panique organisée" en 1983, installe définitivement Louis Chédid dans les artistes français les plus doués et les plus appréciés du public. Les titres "Les absents ont toujours tort", "Pouvoirs pouvoirs" et "Le tcha tcha de l'insécurité", qui une fois de plus mêlent humour et gravité, sont les titres phares de ce disque.
En 1984, Chédid réenregistre son titre "Hold up" qui donne lieu à un clip mémorable interprété par l'acteur Claude Brasseur et le chanteur (et acteur) Alain Souchon. Pour ce dernier, Chédid co-écrit deux titres dans l'album "On avance". Opération réitérée en 1985 sur l'album "C'est comme vous voulez" du même Souchon.
En juin 1985, sort le 33 tours "Anne ma sœur Anne" dont la chanson-titre évoque la montée de l'extrême droite dans la France des années 80 et 90, à travers Anne Franck, jeune adolescente hollandaise déportée durant la seconde Guerre mondiale. Chédid considère ce titre comme un de ses préférés. Ce thème est abordé à nouveau en 88 dans l'album "Bizar". La chanson "Le gros blond" fait une allusion à peine masquée au leader de l'extrême droite française.
Avec une régularité de métronome, Louis Chédid sort "Zap" en janvier 1990. Après 10 jours sur la scène parisienne de la Cigale en mars 1990, il entreprend une tournée à l'automne.
Puis en janvier 1992, c'est au rayon librairie que réapparaît Chédid. A 44 ans, il nous confie ses "40 berges blues". Le recueil de textes et l'album du même nom "Ces mots sont pour toi" qui paraissent en octobre de la même année, laissent apparaître un Louis Chédid en pleine réflexion intime illustré par le fabuleux texte qui donne son nom au disque et au livre.
Mais la morosité de Louis Chédid est assez lucide pour faire une large place à un humour salvateur ("Youpi", "C'est pas la nuit de l'amour"). Quant à la chanson "Bleu blanc rouge", elle évoque une nouvelle fois l'angoisse de l'artiste et du citoyen face au fascisme.
Cet album est enregistré loin de Paris dans un village du sud de la France, Loumarin. Entouré de nombreux excellents musiciens, dont les jazzmen Christian Escoudé et Didier Lockwood, Chédid accueille en outre son fils Mathieu parmi les guitaristes présents. A cette occasion, il laisse tomber les synthés pour renouer avec des orchestrations plus chaleureuses.
Outre un passage au Casino de Paris, Louis Chédid enregistre un album live à Bobino en novembre 1993. Entièrement acoustique, ce concert unique rassemble sur scène 15 musiciens dont une formation de 10 instruments à cordes. Après la sortie du live "Entre nous" en mars 1994, Chédid et ses 15 musiciens partent en tournée. On les croise entre autres au festival du Printemps de Bourges le 22 avril.
Ce n'est pas deux ans, mais cinq qui vont se passer entre la sortie de "Ces mots sont pour toi" et "Répondez-moi" le 14 avril 1997. Toujours entre angoisse et humour, c'est un Chédid grisonnant qui nous livre ce nouvel opus délicieusement travaillé et nous confirme son humanisme militant.
Le 14 juillet, il est invité des Francofolies de la Rochelle. Puis, après une semaine au petit Théâtre Dejazet à Paris, il entreprend une longue tournée d'octobre à mars 1998. Puis, alors que son fils, terriblement créatif, est désormais un des jeunes noms majeurs de la chanson, Louis disparaît de l'actualité. On le retrouve en de rares occasions comme à Dijon en juin 99. Mais à l'automne 2000, Louis Chédid quitte sa maison de disques Mercury/Universal pour le label Atmospheriques.
Ce changement est annonciateur d'un retour musical qui a lieu le 18 avril 2001. L'album "Bouc Bel Air" marque la réapparition d'un artiste qui s'était fait silencieux pendant quatre ans. Le résultat de cette longue préparation est un disque qui mêle les souvenirs d'enfance (Bouc Bel Air est le nom du village où il allait en vacances enfant) et une certaine sérénité des ans qui passent, une joie de vivre toute ensoleillée et toute simple pas si fréquente dans le paysage musical. L'ensemble est entièrement enregistré dans son home studio, et réunit des invités tels que les musiciens de Youssou N'Dour ou Alex Gopher. Son fils, Mathieu, est bien sûr guitariste sur deux titres, "Mon moi et moi" et "Combien". D'ailleurs, la sortie de cet album donne à Louis l'occasion d'exprimer son bonheur quant au succès du jeune homme.
La tournée de "Bouc Bel Air" est un succès. Sortis en 2003, "Botanique et vieilles charrues", double CD live et DVD enregistrés lors du festival des Vieilles Charrues (qui a lieu chaque année à Carhaix,en Bretagne) et du concert au Cirque Royal de Bruxelles, témoignent bien de l’admiration du public pour cet artiste qui s’expose sans fard sur scène, maniant les mots et la musique avec élégance.
Dynamisé, Louis Chedid enchaîne en 2004 avec un nouvel album, "Un ange passe". Il livre 14 chansons dans la joie et la bonne humeur, ce qui n’exclue pas la révolte: "Si Madame Nature a ses nerfs, c’est qu’on lui en a trop fait voir...". Pour les mettre en valeur, le chanteur s’est entouré d’une formation acoustique efficace composée de jeunes musiciens: les frères Muller - anciens membres d’Aston Villa -, Antoine Dijo, Martin Gamet. Frank Redlich, qui a travaillé avec Serge Gainsbourg et Tarmac, supervise le tout.
Louis Chedid reprend la route le 6 avril 2004 avec les premiers concerts au Café de la danse à Paris.
En 2006 il compose en compagnie de Pierre-Dominique Burgaud (écriture) un conte musical: "Le Soldat Rose". Ce conte musical est destiné "aux enfants ... et à ceux qui le sont restés", il est dédié à Billie Chédid, la petite fille de Louis Chedid.
Il raconte l'histoire d'un enfant, Joseph, lassé du monde des adultes, et qui décide de se réfugier dans un grand magasin pour vivre avec les jouets. L'histoire nous est contée par une "voix de grand magasin".
On retrouve pour interpréter les chansons quelques artistes de renoms tels Mathieu Chedid (Le Soldat Rose), Francis Cabrel (Le Gardien de nuit), Vanessa Paradis (Made in Asia), Sanseverino (Le conducteur de train), Jeanne Cherhal (Betty Quette), Benabar (Le petit chimiste), Alain Souchon (L'homme de ménage)...
Enregistré lors de 2 concerts exceptionnels au Grand Rex à Paris le 12 Novembre 2006, le conte est diffusé le soir de Noel sur France 2.
Source : RFImusique
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Dernière modification : 01/08/2011